La loi de transition énergétique place les objectifs très hauts ! Il est prévu l’élimination des passoires thermiques en 2025. Pour réaliser cela, la loi prévoit 500 000 rénovations dîtes « performantes » par an sur le parc privé. Pour voir si la politique mise en oeuvre coïncide avec les objectifs, en 2020, la précarité énergétique doit avoir diminué de 15% par rapport à 2015. Mais où en est-on vraiment aujourd’hui en France ?
[Infographie] Où en est la France ?
Actuellement, environ 50 000 logements privés occupés par des ménages modestes sont rénovés chaque année, essentiellement via le programme d’aides publiques « Habiter Mieux » de l’Anah (Agence nationale de l’habitat). On est loin des 130 000 visés par la loi de transition énergétique.
« Dans le PLF (projet de loi de finances) 2018, on annonce 75 000 logements par an pendant 5 ans via ce dispositif. C’est mieux, mais le compte n’y est pas », pointe Christophe Robert, délégué général de la Fondation Abbé Pierre, pour qui viser les moins favorisés est « déterminant car c’est là qu’on aura le retour sur investissement le plus puissant ». « La lutte contre la pauvreté et le changement climatique sont un seul et même combat », ajoute Laurence Tubiana, présidente de la Fondation européenne pour le climat. « La France, qui veut affirmer son leadership sur le climat, doit être cohérente avec elle-même ».
Un scénario trop ambitieux ?
Le scénario prévoit entre autres, 7,4 millions de passoires énergétiques entièrement rénovées en 2025, 126 000 emplois ETP nets créés, 512€ d’économies en moyenne par ménage et par an, 9 milliards d’euros d’économies pour la Sécurité sociale d’ici 2055, 1 milliard d’euros d’économies d’énergie en France dès 2026, 12,5% d’émissions de gaz à effet de serre en moins sur le secteur résidentiel et enfin 1,06€ de retour sur investissement pour un euro public investi.
Les membres de Rénovons regrettent le portage politique éclaté sur cette question et appellent le gouvernement à établir une « gouvernance forte ». Ils s’inquiètent de la disparition de l’audit gratuit pour les ménages précaires qui permettait justement de les cibler et souhaitent un renforcement du dispositif d’accompagnement pour ces foyers. Par ailleurs, ils ont déposé un recours amiable pour remettre en conformité le décret « décence » issu de la loi de Transition énergétique qui doit imposer un niveau minimum de performance énergétique pour les bailleurs.