Les centres-villes des villes moyennes en France ont longtemps souffert de déclin et de désertification. La fermeture des commerces et la diminution de la population ont contribué à rendre les moins attrayants.
Le jeudi 14 décembre 2017, le ministère de la Cohésion des territoires a présenté le plan national « Action cœur de ville ». Doté d’une enveloppe de 5 milliards d’euros sur 5 ans, il vise à redonner « attractivité et dynamisme » aux centres-villes.
Le soutien de l’Etat se formalise par un contrat cadre qui engage la commune, son intercommunalité et les partenaires du plan.
On vous détaille les tenants et aboutissants de ce projet.
Un enjeu majeur pour les villes moyennes
Les villes moyennes, qui abritent 25% de la population française, sont confrontées à des défis uniques. Les centres-villes se meurent, les commerces ferment et la population diminue ou vieillit.
Cette tendance a été exacerbée par le retrait des services publics et de l'État dans ces régions. Des villes comme Joigny, dans l'Yonne, ont été durement touchées par cette situation, avec la fermeture de nombreux services publics et la diminution de la population.
Edouard Philippe précise : « Notre pays est confronté depuis des années à des vitrines fermées, des immeubles dégradés, des rues délaissées qui nourrissent un sentiment d’abandon aux lourdes conséquences ».
Un nouveau plan pour redynamiser les centres-villes
Le plan « Action cœur de ville » vise à revitaliser les centres-villes et accompagner les communes qui le souhaitent, dans leurs projets de réhabilitation. Il s’agit de permettre aux villes de « retrouver un meilleur équilibre, pour redonner attractivité et dynamisme à leurs centres ».
Il prévoit une enveloppe de 5 milliards d'euros sur cinq ans jusqu’à 2022, dont, 1 milliard de la Caisse des dépôts en fonds propres, 700 millions en prêts, 1,5 milliard d’Action Logement et 1 milliard de l’Anah.
Cette somme sera utilisée pour financer des projets de rénovation dans 234 villes moyennes à travers le pays. Chaque ville bénéficiera en moyenne d'un peu plus de 20 millions d'euros pour mettre en œuvre des initiatives visant à revitaliser leurs centres-villes endormis.
La rénovation des logements visée par le plan
Le plan s’articule autour de quatre grands axes : « l’ingénierie, le logement, les commerces et les services ». Pour simplifier les démarches, le dispositif « Opération de revitalisation des territoires » (ORT) inscrit dans le projet de loi « Logement » sera mis en place.
Il définit un périmètre d’intervention sur la base d’un projet de territoire. Dans le cadre d’une ORT, le préfet mettra en place « un guichet unique » centralisant les demandes de financement qui simplifie et accélère le montage des dossiers et l’accès aux aides de l’Etat et de ses opérateurs.
Des mesures pour les propriétaires et les locataires en centres-villes ont été définies. Le but : inciter à la rénovation des logements et maisons de ville, favoriser le maintien sur place des résidents et renforcer la mixité sociale.
Comme précisé ci-dessus, dans le cadre de ce plan, l’Anah consacrera 1 milliard d’euros d’aides aux travaux pour la réhabilitation, l’amélioration énergétique et l’adaptation des logements et des immeubles.
Un guichet unique de conseil et d’accompagnement personnalisé sera également proposé. Sont également prévues des mesures en faveur de l’amélioration de la gouvernance des copropriétés. L’Anah financera en outre, à hauteur de 40 millions d’euros, les déficits d’opération de rénovation d’immeubles privés dégradés ou insalubres.
Dès 2018, Action Logement a investi 1,5 milliard d’euros sous forme de subventions et de prêts pour financer des opérations d’acquisition / amélioration. « Cette intervention dynamisera de nouveau le cœur des villes, en incitant les salariés et en particulier les jeunes actifs mobiles à s’y installer ».
La ministre des Collectivités territoriales, Caroline Cayeux, a détaillé les objectifs du plan dans une interview au Parisien. Elle souligne l'importance de verdir les centres-villes pour lutter contre les îlots de chaleur urbains. L'embellissement des entrées des villes est également considéré comme un moyen de les rendre plus attrayants.
Cela peut se faire en rendant la circulation plus fluide, en réduisant la présence des enseignes commerciales et en luttant contre l'affichage publicitaire excessif.
Le plan prévoit également des mesures pour limiter l'extension des centres commerciaux en périphérie des villes. Les grandes surfaces sont souvent considérées comme un facteur contribuant à la fermeture des petits commerces et à la dévitalisation des centres-villes. Le gouvernement souhaite donc freiner cette expansion et encourager le développement des commerces de proximité.
Un rééquilibrage entre les grandes agglomérations et les territoires
Ce nouveau plan de revitalisation des centres-villes vise également à répondre aux préoccupations de la France périphérique. Ces territoires se sentent souvent délaissés par l'État au profit des grandes agglomérations et des banlieues. Le gouvernement reconnaît cette disparité et souhaite rééquilibrer les investissements entre les différents territoires.
En parallèle de ce plan, le ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires, Christophe Béchu, a annoncé un investissement supplémentaire de 1,2 milliard d'euros pour accélérer la transition écologique dans les collectivités locales. Cette initiative vise à soutenir les projets de végétalisation des parkings, de plantation d'arbres dans les cours d'école et de remplacement des ampoules des lampadaires.
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En conclusion, le plan de 5 milliards d'euros pour revitaliser les centres-villes des villes moyennes en France est une initiative ambitieuse destinée à redonner vie à ces régions en déclin. En investissant dans la rénovation, le verdissement et la limitation de l'expansion des centres commerciaux en périphérie, le gouvernement espère revitaliser ces centres-villes et rééquilibrer les investissements entre les différentes régions du pays.