L’article 4-b de la loi du 3 août 2009 dite loi Grenelle 1 prévoit que « toutes les constructions neuves faisant l’objet d’une demande de permis de construire déposée à compter de la fin 2020 présentent, sauf exception, une consommation d’énergie primaire inférieure à la quantité d’énergie renouvelable produite dans ces constructions ». Dans l’optique de participer pleinement aux réflexions qui marqueront une étape pour la construction neuve en France un groupe de travail dédié à la réflexion sur le bâtiment responsable à l’horizon 2020-2050 a été créé. En 2015, ce groupe de travail (RBR 2020) segmente sa réflexion en 6 sous-groupes thématiques qui publieront chacun une ou plusieurs notes traitant des principales dimensions du futur bâtiment responsable.
Les enseignements de la RT 2012
La réussite d’une nouvelle génération de bâtiments ne peut s’envisager qu’en prenant en compte les enseignements tirés de ceux de la génération précédente. Ainsi, il apparaît indispensable de tirer profit des retours d’expérience des bâtiments construits en application des RT 2005 et RT 2012 pour réussir l’expérimentation E+C-.
Après les résultats de toutes les mesures et du recueil du ressenti des occupants on peut déduire que, d’une part, la prise en compte de la variété des modes de vie est indispensable à la production d’une réglementation de qualité. D’autre part, que la compréhension de ces changements par les usagers est indispensable à une utilisation / exploitation performante des bâtiments.
Quelles directions pour le confort de l’habitat de demain ?
L’attente du confort recouvre une réalité complexe car il s’agit toujours d’un confort ressenti par l’habitant, dans une situation concrète, lors d’un certain usage. Ce vécu est lié à sa culture, son histoire, son état de santé, son stress. Le confort a donc une dimension éminemment sociologique, psychologique et subjective. Un constat important est qu’il paraît primordial de laisser une marge de liberté à l’habitant afin qu’il puisse adapter les conditions effectives de son habitation à ce qu’il ressent et ce quelle que soit la réalité objective sous-jacente. L’absence de contraintes ressenties par l’habitant est en effet l’une des composantes premières du sentiment de bien-être.
Il y a plusieurs points qui vont déterminer la confort de l’habitat de demain : Le confort thermique hivernal pour commencer puis, le confort d’été, le confort de la qualité de l’air intérieur, le confort acoustique, le confort de la lumière naturelle et pour finir le confort de la biophilie. Ce dernier point est plus inattendu mais des études récentes ont montré l’existence d’un lien entre le contact avec la nature et la santé des habitants, tant mentale que physique. La présence de la nature apparaît comme un élément majeur du bien-être humain. Le concept de biophilie implique que l’être humain maintienne une connexion avec la nature, le monde du vivant, les espaces verts, les milieux humides sans oublier l’air extérieur et la lumière naturelle.
Vers un scénario conventionnel éloigné de la réalité ?
La prise en compte de ces facteurs conduit à remettre en question l’aspect de la réglementation thermique qui consiste à fixer un unique scénario conventionnel éloigné de la réalité d’usage de nombreux bâtiments. Une méthodologie envisageable pourrait consister à introduire des scénarios et, pour chaque scénario, à calculer les consommations énergétiques correspondantes. Il est à noter que cette méthodologie est déjà mise en œuvre par certains logiciels de type Simulation Énergétique Dynamique (SED) qui simulent différentes intensités d’usage d’un bâtiment et permettent des évaluations plus fines.
Plusieurs types de scénarios seraient envisageables :
Scénarios d’usages : Ces scénarios d’usages peuvent être fondés soit sur la notion d’intensité (le même logement occupé par une personne, deux, trois voire plus, selon la taille du logement concerné), soit sur des typologies d’usage. Ces scénarios d’usage devraient permettre de prendre en compte les nouveaux modes d’habiter liés à l’économie de partage et à l’habitat participatif ainsi que les risques liés à la précarité. S’agissant d’un logement, il paraîtrait utile de considérer des scénarios du type : Soit couple de retraités présent dans la journée ; soit couple d’actifs absent en journée.
Scénarios de variables (température, débits d’air, etc.) : Ces scénarios portent sur chaque entrée de la réglementation (température, débits d’air, éclairage, eau chaude sanitaire…). Ils permettent ainsi de tester plusieurs choix de température. La démarche consiste ici à travailler à partir d’un scénario de base et de procéder à une analyse de sensibilité à différents paramètres. À partir des simulations réalisées lors de la phase de conception, on pourrait alors apprécier la souplesse, la robustesse du projet, les marges de manœuvre laissées aux habitants, marges de manœuvre qui constituent un élément important du confort ressenti, et, enfin, l’adéquation du bâti à des usages variables dans le temps (mutabilité).
Pour résumer, comment sera l’habitat de demain ?
Le confort, le bien-être, la santé, voilà ce que doit offrir à l’habitant le bâtiment responsable de demain. Pour cela, la liberté doit lui être laissée d’adapter les conditions de son logement en matière de chauffage, de climatisation, d’aération, d’éclairage, d’ouverture sur l’extérieur, en recherchant des solutions simples et efficaces. Grâce aux progrès de la domotique et des outils numériques, cette liberté est compatible avec un contrôle des dépenses énergétiques et donc un comportement éco-responsable. Un logement pourra être à la fois sobre, robuste et en même temps désirable pour ceux qui y résident.
En conclusion, la rénovation énergétique représente un défi majeur pour l'avenir de notre société. Les enjeux liés à la future Réglementation Environnementale sont nombreux et variés, allant de la nécessité de réduire la consommation d'énergie des bâtiments à la promotion des énergies renouvelables. Cette réglementation vise à encourager la construction de bâtiments durables et responsables sur le plan énergétique, tout en améliorant le confort et la santé des occupants. Pour y parvenir, il est essentiel de développer des solutions innovantes, de sensibiliser le public et de mettre en place des politiques incitatives. La rénovation énergétique est un véritable projet de société qui nécessite une réflexion approfondie et une action concertée de la part de tous les acteurs impliqués.